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La fibromyalgie, également appelée « Syndrome Polyalgique Idiopathique Diffus » est une maladie d’origine inconnue dont le principal symptôme est la douleur chronique et diffuse. Longtemps considéré comme uniquement psychologique et méconnu des médecins, de nombreuses recherches sont aujourd’hui menées pour essayer de mieux comprendre ce mal, et ainsi mieux le soigner.
Deuxième affection rhumatismale en termes de fréquence après l’arthrose, la fibromyalgie touche toutes les catégories de la population. La prévalence est cependant plus importante chez les femmes, et tout particulièrement chez celles entre 30 et 50 ans. Pour en savoir plus sur les changements après 50 ans, nous vous conseillons cet article.
Les trois principaux symptômes de la fibromyalgie sont :
La douleur généralisée est toujours présente dans la fibromyalgie (elle fait partie des critères diagnostiques). Les patients ont typiquement “mal partout”, bien que certaines régions soient plus sensibles que d’autres (nuque, épaules, région interscapulaire, bas du dos, hanches). La douleur est habituellement diffuse, migratrice et permanente. Elle peut aussi fluctuer au cours de la journée, avec typiquement une exacerbation le matin au réveil.
La fatigue chronique est un symptôme très fréquent de la fibromyalgie, qui toucherait 70 % à 80 % des personnes atteintes. Les efforts sont difficiles, et le sommeil (même s’il peut paraître normal) n’est pas réparateur. Cette fatigue peut être très handicapante dans la vie quotidienne, notamment à cause de la sensation d’épuisement limitant les activités physiques ou intellectuelles. Dans les cas les plus sévères, le moindre effort peut devenir intolérable, rendant la maladie particulièrement invalidante.
En ce qui concerne le sommeil, celui-ci est souvent perturbé. On retrouve ainsi :
Dans certains cas, le sommeil n'atteint pas sa phase profonde (la plus réparatrice), expliquant ainsi cette fatigue chronique.
En dehors de ces trois symptômes cardinaux, les patients fibromyalgiques décrivent parfois de nombreux autres symptômes. Pour n’en citer que quelques-uns :
Enfin, il est important de noter que (du fait du caractère handicapant de cette maladie), les patients souffrent souvent de symptômes psychologiques surajoutés (stress, anxiété, syndromes dépressifs). En effet, la prévalence de la dépression au sein des fibromyalgiques est plus élevée que dans la population générale.
Aujourd’hui, les causes précises de la fibromyalgie ne sont pas connues. Cependant, de récentes découvertes (notamment grâce à l’IRM cérébrale fonctionnelle) ont permis d’en savoir un peu plus. Pour le moment, les scientifiques pensent que les causes sont à rechercher à deux endroits : au niveau du cerveau lui-même, et au niveau des récepteurs nerveux en périphérie.
À l’aide de l’IRM cérébrale fonctionnelle, les chercheurs ont découvert que les fibromyalgiques présentaient :
Cela pourrait expliquer en partie pourquoi les patients atteints de fibromyalgie ont cette typique hypersensibilité à la douleur. Cependant, les mécanismes qui engendrent ces sur (et sous) activations ne sont pas connus. Quelques pistes portent à croire que cela pourrait avoir un lien avec une personnalité anxieuse ou ayant subi des traumatismes psychologiques (les mécanismes de régulation du stress et de la douleur sont en effet très liés).
De plus, certaines études laissent penser qu’il pourrait y avoir des dérèglements au niveau des systèmes neuroendocriniens et dopaminergiques : deux systèmes de conduction neuronale utilisant de petites molécules. Il a notamment été observé une augmentation de la substance P (un neurotransmetteur de la douleur) ainsi qu’une diminution de la noradrénaline et de la sérotonine (deux neurotransmetteurs qui inhibent la douleur) chez les patients fibromyalgiques. Une autre substance, l’IGF-1 (Insuline like Growth Factor type 1) - impliquée dans la régénérescence musculaire - est fréquemment perturbé en cas de fibromyalgie. Cela pourrait expliquer en partie la douleur musculaire quotidienne.
Au niveau périphérique, des études ont mis en évidence des anomalies chez les patients fibromyalgiques. Parmi elles :
Vous l’aurez compris, les causes ne sont que peu voire pas connues. De nombreux médecins et chercheurs estiment que la fibromylagie n’a qu’une origine psychosociale. Il y a donc encore beaucoup de travail à fournir avant de mieux comprendre cette maladie !
Le diagnostic de la fibromyalgie se base principalement sur l’interrogatoire du patient, ainsi que sur son examen minutieux au cabinet médical. Celui-ci est délicat à poser pour plusieurs raisons :
Afin de pallier ces difficultés, la société américaine de rhumatologie a mis en place des critères de diagnostic de la fibromyalgie :
Ce dernier critère concernant les 11 points douloureux est cependant remis en cause, notamment car il n’est pas assez précis et peut sur (ou sous) diagnostiquer cette maladie.
Finalement, le médecin traitant ou le rhumatologue devra prendre en compte tout un ensemble d’informations afin de pouvoir formellement poser le diagnostic (histoire du patient, symptomatologie, examen clinique, élimination d’autres maladies). Si le diagnostic est confirmé, le médecin aura pour rôle de rechercher s’il existe des pathologies associées, comme par exemple :
Pour le moment, il n’existe pas de traitement spécifique permettant une guérison totale. Cependant, de nombreuses modalités thérapeutiques existent. Combinées ensembles, elles peuvent améliorer significativement les conditions de vie des patients.
Quelques points sont primordiaux dans la prise en charge de cette maladie :
- La pratique d’activité physique est un des points clés (ses bénéfices sont multiples)
- Le traitement doit être personnalisé et adapté à chaque patient
- Il faut prendre en charge le patient dans la globalité - tant sur le plan physique que psychique
- L’éducation thérapeutique et la compréhension de sa maladie par le patient sont également clé.
Le traitement de la fibromyalgie repose ainsi sur :
L’activité physique est sûrement le traitement le plus efficace (du moins ayant fait le plus ses preuves). Elle permet de diminuer les douleurs, d’augmenter l’autonomie du patient, d’améliorer son bien-être psychique (notamment par la production d’endorphines), ainsi que sa qualité de vie globale. Il existe de nombreuses activités physiques adaptées à la fibromyalgie : la marche, la natation, ou encore certains arts martiaux doux comme le Tai-chi-chuan. Cette reprise d’activité doit être douce et progressive afin de ne pas engendrer trop de douleurs ou de difficultés. Elle se doit d’être adaptée au maximum au patient.
Au niveau des traitements médicamenteux, on retrouve :
Certains médicaments sont au contraire déconseillés - car inefficaces - et peuvent engendrer des effets indésirables. Il s’agit notamment des anti-inflammatoires non stéroïdiens (par exemple l’ibuprofène), des corticoïdes, des antalgiques morphiniques ainsi que des antidépresseurs autres que ceux cités plus haut.
Enfin, les autres moyens thérapeutiques disponibles sont très variés et sont à prescrire en fonction des envies des patients. L’accompagnement du patient est elle aussi primordiale, du fait du côté invalidant et chronique de la fibromyalgie.
En conclusion, la fibromyalgie est une maladie encore peu connue et peu comprise. Cependant, les nombreuses recherches aujourd’hui menées laissent entrevoir une meilleure compréhension de cette maladie. Malgré cela, un large éventail thérapeutique existe et permet d’améliorer significativement la qualité de vie des patients atteints de cette pathologie. Un suivi régulier, une éducation thérapeutique rigoureuse ainsi qu’une implication active du malade dans sa prise en charge sont les clés du succès du traitement de la fibromyalgie.
Auteur : Pierre MALHERBE | Relu par le Dr Thierry MANTEAU
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