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Habituellement, les émotions sont plutôt considérées comme étant du domaine des psychologues. Pourtant, elles sont à l’interface entre l’aspect psychique et le fonctionnement physiologique du corps. Devant un patient souffrant de symptômes physiques ou fonctionnels inexpliqués, le médecin abordera la situation d’un point de vue global, en tenant bien compte de son état émotionnel.
- On remarque qu'un simple entretien mené avec empathie et accepté avec confiance par le patient peut permettre de libérer des émotions retenues inconsciemment (en exprimant un vécu difficile par exemple).
- En plus des antécédents médicaux, l'interrogatoire concernant le mode de vie de la personne, son histoire personnelle et familiale, les évènements marquants lui fait parfois prendre conscience de la nature de ses émotions. Cela l'aide éventuellement à clarifier les évènements ou les contextes qui seraient déclenchants ou catalyseurs.
- Un traitement adapté pour les symptômes fonctionnels ou organiques présents permet d’aider le corps à vivre ce passage difficile (ceci après avoir éliminé les pathologies graves nécessitant une prise en charge spécifique).
En neurobiologie, on peut authentifier les mécanismes qui montrent que l'émotion fait le lien entre le psychisme et le corps physique et/ou les comportements. Au cours d’une scintigraphie cérébrale avec injection de produits de contrastes, on constate sur un sujet traversé par diverses émotions l’impact sur le cerveau.
L’émotion se traduit par l’activation de différentes zone cérébrales en fonction du type ressenti. Le cerveau envoie un signal au corps par l’intermédiaire du système nerveux (sympathique et parasympathique) qui entraîne une sécrétion hormonale avec action biochimique sur le corps.
C'est cela qui entraîne une modification du fonctionnement physiologique : la peur peut donner des mains moites ou des spasmes intestinaux, la honte une rougeur du visage, la peine entraine parfois des larmes... Le système immunitaire est perturbé. Cela induit également chez la personne un type de comportement, selon son tempérament et l’intensité de l’émotion ressentie : fuite, lutte, sidération, paralysie, sauts de joie...
Les recherches en psychologie permettent de dire que l’émotion est un appel, une sorte de tentative de communication avec l’entourage. Elle peut se traduire par un comportement donné.
Si l'émotion a été entendue et comprise, une réponse adaptée permet à l’individu ému de se construire, de prendre conscience de lui-même et d’exprimer qui il est. Ceci est très important chez le petit enfant qui est d’avantage dépendant de son entourage pour se construire.
A contrario, un entourage qui ne tient jamais compte de l’état émotionnel de l’enfant crée en lui un conflit entre ce qu’il ressent de lui même et ce qu’il représente extérieurement. Il se sent dissocié : c’est le schéma corporel qu’il risque de garder en lui et qui conditionnera ses comportements à l’âge adulte : difficulté à s’exprimer, à entrer en relation, à gérer les difficultés, à faire des choix adaptés à ses besoins. Il reste en quelque sorte dépendant par rapport à son entourage et aux contextes de vie qu’il traverse, s’il n’est pas aidé pour modifier ce fonctionnement par la suite.
Situation 1 : Si, en réponse à une émotion émise, la personne est rassurée par son entourage, tout redevient normal in fine. En effet, des systèmes de régulation se mettent en place et un sentiment de sécurité, de confiance en soi et de bien être se fait sentir.
Situation 2 : Dans le cas contraire (l’émotion qui se manifeste n’est pas prise en compte), la situation perdure. L’entourage est hostile, incompréhensif, indifférent ou répond de manière inadaptée.
Situation 3 : La personne a des antécédents de vécus difficiles qu’elle n’a pas pu gérer. Ceux-ci remontent bien souvent à l’enfance. De fait, la personne n’a pu développer un système de régulation du stress satisfaisant dans ce contexte. Cela s’est accentué avec l’accumulation d’autres expériences dans sa vie adulte.
Dans les situations 2 et 3, un état de stress s’installe alors et s’amplifie. Il y a comme un emballement du système de régulation qui devient alors inefficace. Ceci peut induire chez la personne un manque de confiance en elle-même, le sentiment d’être en insécurité et de ne pas pouvoir gérer certaines situations.
Des émotions non prises en compte ou non régulées (situations 2 et 3, par exemple) peuvent aboutir à des comportements irréfléchis, d’ordre pulsionnel (trouble du comportement alimentaire, tabagisme, éthylisme) ou à la longue à de vrais désordres fonctionnels (se portant sur certains organes). Jusqu'à en faire une vraie pathologie avec un état dépressif souvent latent.
Plusieurs maladies ou symptômes sont connus pour avoir une forte corrélation avec le psychisme :
La recherche continue à en affiner les mécanismes. D'autres maladies sont de plus en plus reconnues comme influencées par le stress :
Lorsque l'on rencontre ces maladies (30 à 60 % des maladies) un cercle vicieux s'installe : le stress doit être éliminé. Il est donc nécessaire pour un grand nombre de maux de prêter attention, au delà de l'aspect physiologique, à l’aspect psychique et au contexte de vie de la personne.
Si vous souffrez de tels symptômes, vous pouvez préparer l'entretien avec votre médecin en commençant à vous poser les bonnes questions afin de l'aider au mieux à vous comprendre. Il pourra ainsi vous accompagner vers une meilleure compréhension de votre mal être et vous orienter si nécessaire vers des pratiques complémentaires qui vous conviendront le mieux (psychothérapie(s), homéopathie, acupuncture, ostéopathie et autre). Il tient compte de la nature et de l'intensité de vos symptômes, de votre type de fonctionnement, appuyé par un examen clinique et des examens complémentaires. Il s'agit d'établir en quelque sorte un projet de soin individualisé, modifiable selon votre évolution, vous permettant petit à petit d'améliorer la gestion de vos émotions et de votre santé.
Bibliographie
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Auteur : Brigitte Dufour | Relu en octobre 2020
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