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Un perturbateur endocrinien est une substance qui dérègle le fonctionnement hormonal des organismes vivants. O-phénylphénol (OPP), toluène, n-hexane, bisphénol A, et plus récemment bisphénol B… Ces substances, que l'on trouve généralement dans nos aliments et/ou leurs emballages, peuvent entraîner des effets dévastateurs pour notre santé et l’environnement. Faisons le point sur les perturbateurs endocriniens : ce que c'est, ce que ça implique, et comment les éviter.
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), un perturbateur endocrinien est “une substance - ou un mélange de substances - qui altère les fonctions du système endocrinien, et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme et chez ses descendants.”
Certains effets des perturbateurs endocriniens peuvent apparaître à de très faibles doses et peuvent évoluer d’une manière pas nécessairement linéaire (donc imprévisible) en fonction de la dose. On observe également que ces effets nocifs peuvent être créés lors de mélanges de plusieurs substances - alors que chacune des substances n’a individuellement aucun effet détectable.
Aujourd’hui, la principale difficulté est de comprendre l'impact de certains perturbateurs endocriniens (dont l’effet néfaste a été observé sur la faune sauvage) chez l’Homme. Aussi, certains mécanismes de toxicité sont encore sujets à de nombreuses discussions : on découvre régulièrement l’existence de nouveaux perturbateurs endocriniens (à l’instar du bisphénol B).
Le système endocrinien est composé de plusieurs organes appelées “glandes” (ou cellules endocrines). Celles-ci détectent et répondent à différents stimulis en produisant des hormones qu’elles libèrent ensuite dans le sang.
Les hormones ont des fonctions essentielles et variées :
Cela signifie que la moindre altération du système endocrinien peut perturber notre équilibre (à l’image du diabète par exemple).
La liste officielle des perturbateurs endocriniens recense les produits nocifs pour la santé humaine et pour l’environnement.
Parmi eux, on peut citer : alkylphénols, BHA et BHT, bisphénol A (BPA), cadmium, ignifuges bromés (PBDE), mercure, parabènes, phtalates, plomb, téflon et composés perfluorés, triclosan, phtalates…
En Europe, le règlement REACh (Registration, Evaluation and Autorisation of CHemicals, REACh) classe certains perturbateurs endocriniens comme des SVHC (substances extrêmement préoccupantes). Entré en vigueur le 1er juin 2007, le règlement REACh cherche à :
Les perturbateurs endocriniens sont généralement présents dans notre environnement proche : alimentation, emballages, produits ménagers, produits cosmétiques….
Voici une liste utile : elle recense les principaux perturbateurs endocriniens et cite dans quels produits du quotidien ceux-ci peuvent être trouvés.
Attention aux huiles essentielles (notamment de tee tree et de lavande) : d’après une étude récente auraient des propriétés oestrogéniques (c’est-à-dire impactant le cycle menstruel féminin) et anti-androgéniques (c’est-à-dire présentant une activité stimulante néfaste sur la testostérone de l’homme).
Attention au bisphénol B, récemment mis en évidence comme perturbateur. Utilisé comme additif indirect pour certains revêtements et polymères en contact avec les aliments. Il agirait comme le bisphénol A en stimulant les oestrogènes (hormone femelle) et en inhibant la synthétisation de spermatozoïdes chez l’homme.
Plus récemment, le bisphénol B a été incriminé par l’ANSES pour ses propriétés toxiques à l’égard de l’homme et de la planète. Pourtant, cette substance est largement utilisée hors U.E en alternative au Bisphénol A, officiellement déclarée comme perturbateur endocrinien dans le règlement européen REACh.
Le bisphénol B perturberait le système hormonal :
Ces effets sont d’ores et déjà largement observés chez les rongeurs et les poissons. En mars 2021, l’ANSES a déposé un dossier visant à inscrire le bisphénol B en tant que “substance extrêmement préoccupante” dans le règlement européen REACh.
Il est important de comparer et traquer ces substances dans les compositions des produits que vous achetez. La solution la plus simple (et semblant plus efficace) est de consommer des produits locaux / naturels, peu transformés, avec une limitation des transports et des pesticides (si aliments). En consommant local / naturel, vous maximisez vos chances que le produit n’ait pas été soumis à d’innombrables traitements chimiques.
Des applications mobiles peuvent également vous aider à y voir plus clair lors de vos courses. Parmi elles, on peut citer Yuka pour l’alimentaire et Quelcosmetic pour les cosmétiques.
Par ailleurs, des réflexes simples sont à adopter, tels que l’aération de son chez-soi tous les jours, la suppression du tabac à l’intérieur, le lavage automatique des vêtements neufs...
Les parties de vie semblant charnières sont :
- Utilisez le moins possible de produits cosmétiques et de lotions pendant la grossesse et l'allaitement
- Choisissez toujours des produits sans parfum / ne vous parfumez pas pendant cette période
- Préférez des produits bénéficiant d'un label écologique
- Ne (dé)colorez pas vos cheveux pendant la grossesse ou l'allaitement
- Lavez les objets à destination du bébé : vêtements, tissus, jouets…
- Évitez l'usage quotidien de lotion ou de savon pour le bébé
- N’achetez pour votre bébé que des jouets répondant aux normes françaises et conçus pour son âge. Les jouets pour les enfants de plus de trois ans peuvent contenir des phtalates (perturbateur endocrinien).
Par ailleurs, l'assemblée nationale s’est prononcée par l'amendement 87 en décembre 2019 pour que les fabricants apposent un pictogramme à destination des futures mamans sur les produits qui contiennent des perturbateurs endocriniens (en raison des risques pour le développement de bébé).
Auteurs : Geoffrey CARAT (interne en médecine à Nice), Alexia ORNY (senior content manager chez MédecinDirect) | relu par le Dr Thierry MANTEAU.
Retrouvez ici les réponses aux questions que vous pourriez vous poser