Piqûres d'insectes, morsures de poissons... Comment réagir ?

Mis à jour en mars 2020 - Nous ne sommes pas seuls à apprécier l'été. En effet, certains insectes et autres espèces de petite taille sont en pleine activité dans cette saison. La plupart nous infligent des piqures ou morsures qui donnent des démangeaisons horripilantes ! Dans quelles circonstances sommes-nous attaqués ? Comment réagir ?

Les larves d'acariens (aoutats)

Les aoutats (larves d'acariens) vivent au ras du sol, dans l'herbe, et grimpent sous les vêtements, attirés par toutes les zones humides. Ils "attaquent" lorsqu'ils sont coincés (par exemple sous les élastiques des sous-vêtements, ou dans un pli anatomique).

Quelles lésions ?

D'abord, une plaque, autour de laquelle des vésicules se forment. Parfois, de l’œdème. Il faut être vigilant aux risques de surinfection !

Quels traitements ? 

Pour éviter la surinfection, il faut pulvériser un antiseptique quand ces petites bulles se crèvent. Le prurit sera calmé par des anti-histaminiques (anti-allergiques). S'il y a une suspicion que des larves restent présentes, un traitement par Ascabiol® pourra vous être prescrit.

L'araignée "veuve noire"

On la craint, mais elle n'est pas fréquente en Europe. En tout cas, elle fuit la ville ! En France, 10 à 15 cas par an sont signalés en été, surtout en Corse. Elle est petite et reconnaissable grâce à ses nombreux points rouges.

Quelles lésions ?

Sa morsure est parfois très discrète et le diagnostic peut se confondre avec plusieurs affections. On se met à avoir, au bout de quelques heures :

  • des douleurs musculaires
  • des troubles du système nerveux végétatif (tension instable, grosses sueurs)
  • des signes abdominaux simulant une urgence chirurgicale à cause des muscles contracturés.

Quels traitements ? 

Direction hôpital ! Le traitement sera simple, en contrant l'action de la toxine avec une perfusion.

L'araignée "Lycose de Narbonne"

Elle est au contraire très grosse (donc impressionnante), mais mord peu souvent.

Quelles lésions ?

Le principal risque de sa morsure est un gros œdème avec compression vasculaire, qui peut demander une incision pour décomprimer. Si la couleur ou la température changent ou si un engourdissement apparait, pensez à consulter un médecin. Une petite zone de nécrose au point de morsure (couleur noirâtre) est assez courante avec les araignées, mais va s'estomper sans problème.

Quels traitements ? 

Pour éviter cette complication, dès la morsure, il faut désinfecter et appliquer des poches de glace et surveiller plus bas (la main ou le pied). Avec certaines espèces, la nécrose peut s'étendre et nécessitera ainsi l'hospitalisation (mais c'est rare).

La chenille processionnaire

Ses poils sont reliés à une poche à venin très toxique et entraînant des nécroses.

Quelles lésions ?

Le contact avec la peau donnera surtout irritations et grattage. Ce contact peut même se faire à distance de la chenille, même sans piqures, les poils s'envolant ! Attention au linge qui sécherait à proximité d'un nid. Toutefois, le contact avec muqueuses ou l’œil entraîne des risques de lésions nécrotiques importants.

Quels traitements ? 

Le contact avec la bouche (jeune enfant) demande un nettoyage au gant humide immédiat et une consultation rapide pour évaluer les lésions et éventuellement assurer un traitement corticoïdes avec anti-histaminiques. Tout contact avec l’œil demande un lavage à l'eau et une consultation ophtalmologique en urgence.

Le scolopendre

C'est un mille-pattes plutôt agressif (plus que les araignées ou les scorpions en France). Sa morsure est très douloureuse et demande un traitement antiseptique avec antalgiques. L'occasion pour vérifier si le vaccin anti-tétanique est à jour !

Les scorpions

Bien qu'aussi impressionnants que les autres, les scorpions en France ne sont pas très venimeux. Les plus communs sont de 2 cm de long et noirs ou de 5 cm et plutôt jaunes. Les signes de piqures sont modérés, que ce soit localement ou sur le plan général. Le traitement se contentera de désinfecter et mettre à jour le vaccin anti-tétanique.

Les tiques

C'est une espèce très vaste de la famille des arachnides (comme les araignées) et seulement un petit nombre nous concerne. Certaines ont leur propre toxicité, comme les femelles d'une espèce d'Australie et du Canada responsable de la paralysie ascendante. Celles-ci sont très rares en Europe.

Dans nos contrées, elles sont surtout des vecteurs de maladies virale ou bactériennes. Les plus courantes en France sont la maladie de Lyme et la fièvre boutonneuse méditerranéenne. Les piqures de tique ont une évolution particulière selon la contamination éventuelle :

  1. Au départ, elle reste fixée à la peau et se nourrit avant de devenir nocive. C'est pourquoi il est important de passer l'inspection sur nous-même ou sur nos animaux, après une promenade ou un séjour en nature pour les retirer proprement sans laisser le dard. Pour cela, les petits instruments appelés tire-tiques, sont très utiles et assez pratiques.
  2. Il vaut mieux éviter de passer un produit désinfectant d'abord, car elle pourrait régurgiter et "balancer" les vecteurs infectieux d'un coup.
  3. Bien désinfecter.

Dans le cas (très rare en Europe) d'espèce neurotoxique, 2 à 7 jours après, on peut ressentir malaises, irritabilité et fourmillements des extrémités. Dans ce contexte, si la tique est encore accrochée, il est préférable de la tuer d'abord avec un coton imprégné d'alcool ou d'éther, avant de la retirer. Son venin produit une paralysie ascendante, les signes de faiblesse musculaire remontant vers le haut du corps, parfois jusqu'aux muscles respiratoires chez les personnes fragiles et les enfants.

Quelles lésions ? 

Dans le cas de la maladie de Lyme, le point de morsure a souvent une évolution évocatrice : c'est l'érythème migrant. En-dehors de toute contamination, une rougeur immédiate autour du point de morsure n'a aucune signification, l’érythème migrant ayant un délai de latence de 3 à 30 jours. En cas de persistance d'une partie du dard (appelé rostre), il peut y avoir une petite induration inflammatoire (granulome) pendant quelques semaines qui n'a cependant pas de caractère de gravité.

Quels traitements ? 

Toute fièvre dans les jours qui suivent demande une consultation médicale en précisant qu'il y a eu morsure de tique. Le médecin recherchera des signes biologiques de maladie infectieuse transmise comme Lyme ou une fièvre boutonneuse.

Dans certaines régions à forte incidence de maladie de Lyme, certains médecins ont l'habitude de prescrire un traitement antibiotique précoce, prophylactique. C'est surtout utile si elle est resté plus de 24 ou 36 heures, est gorgée de sang ou chez la femme enceinte.

Les puces de canard

Des bêtes sont principalement connues des personnes habitant près des grands lacs des Alpes. Elles se fixent sur la peau pendant les baignades, et finissent de pénétrer si on se laisse sécher sans se rincer ni s'essuyer. Ces précautions sont donc recommandées quand on se baigne dans ces lacs ! Leur principal inconvénient est de fortes démangeaisons.

Les hyménoptères : guêpes, abeilles, frelons et bourdons

Leur toxicité directe, en-dehors de toute allergie, est représentée par la quantité de venin injectée et le nombre de piqûres.

  • l'abeille injecte en une fois 10 à 25 fois plus de venin que la guêpe lors de ses piqures. Cependant, elle pique uniquement lorsqu'elle est dérangée, car elle en meurt. Son dard reste accroché à la peau et arrache une partie de son abdomen.
  • la guêpe peut piquer plusieurs fois, tout comme le frelon, et a une forte concentration en venin, d'où sa dangerosité. Elle est autant attirée par la viande que par les aliments à odeur sucrée.

Zoom sur les venins injectés

Ils ont une composition très complexe, associant des enzymes de dégradation responsables de la mort des cellules et des substances protéiques responsables des allergies. Les effets toxiques des piqures dépendent de la quantité injectée.

L'hospitalisation est conseillée à partir de 15 à 20 piqures de guêpe, mais une seule piqure de frelon peut être dangereuse et demander une consultation aux urgences s'il pique plusieurs fois.

➡️ Les réactions locales

Plus ou moins intenses en fonction de l'endroit et des réactions personnelles, elles comportent des degrés variables de douleur, rougeur ou œdème. Une piqûre dans la bouche ou la gorge peut entraîner de grosses difficultés respiratoires demandant un traitement urgent, sans pour autant être allergique. La douleur est plus forte avec les guêpes et surtout les frelons. L’œdème est souvent associé à des démangeaisons. Ces réactions passent en général en quelques heures.

➡️ Les réactions toxiques

L'intensité est proportionnelle à la quantité de venin injectée par l'insecte, donc au type et au nombre de piqures. Le mécanisme principal est la mort des cellules. Cela concerne en premier chef celles à renouvellement rapide - dont l'intestin - et explique les troubles digestifs. Il y a aussi une certaine toxicité neurologique, expliquant les malaises, les chutes de tension et les convulsions.

➡️ Les réactions allergiques

Ici, une seule piqure suffit ! Il faut donc être vigilant pour une personne allergique si les piqures sont rapprochées de moins de 2 mois et si l'intensité est croissante lors des réactions locales, d'une piqure à l'autre. Les signes qui sont ceux d'une réaction anaphylactique :

  • urticaire généralisé, œdèmes importants (sur le visage c'est le risque d'une obstruction des voies respiratoires)
  • signes respiratoires montrant un obstacle par un œdème de la langue ou du larynx, ou un bronchospasme avec signes d'asthme grave
  • chute de tension par dilatation majeure et rapide des vaisseaux

L'adrénaline est un traitement majeur de la réaction anaphylactique. Les personnes allergiques aux hyménoptères doivent avoir en permanence avec elles un kit d'injection sous-cutanée d'adrénaline. Il faut ensuite hospitaliser la personne pour surveillance médicalisée, car le choc anaphylactique peut rechuter encore pendant plusieurs heures.

Les guêpes présente dans le sud de la France ne sont pas forcément le même type qu'au nord (poliste au sud et vespula au nord) : on peut être allergique à l'une mais pas à l'autre. Donc même si vous ne vous savez pas allergique, il faut rester méfiant et surveiller toute réaction locale semblant s'étendre à la suite de piqures.

Les vipères

Sur les 4 espèces que nous avons en France, il n'y en a que deux potentiellement venimeuses. En effet, sson injection de venin n'est pas systématique. Son effet dépendra autant de l'état de santé de la vipère que de celui de sa victime (âge et endroit mordu). La répartition des espèces est généralement vipère aspic au sud et vipère péliade au nord. L'envenimation étant souvent peu importante, il ne faut surtout pas céder à la panique : cela ne ferait qu'accélérer la diffusion du venin et la sensation de malaise.

Que faire lors d'une morsure de vipère ?

Rassurer la personne et la mettre au repos allongée pendant que les secours sont prévenus. Il ne sert à rien de tenter d'évaluer soi-même si la morsure a l'air problématique ou non, l'hospitalisation sera systématique pour décider du traitement. Nettoyer et désinfecter la morsure avec Dakin® ou Betadine®. Ne pas tenter de mettre un garrot car c'est très délicat à gérer et il pourrait majorer les difficultés de circulation sanguine en cas d’œdème. L'idéal est d'avoir une bande de crêpe qui sera posée de la racine du membre vers l'extrémité et peu serrée (on peut passer un doigt entre elle et la peau). C'est suffisant pour gêner seulement le retour du système lymphatique et donc la diffusion du venin, sans prendre de risque circulatoire.

Ces gestes sont spectaculaires mais sans intérêt :

  • l'incision, qui traumatise les tissus et augmente le contact du venin et le risque de nécrose locale
  • la cautérisation, qui va dégrader la peau avant le venin
  • la succion, qui est une source de contamination via les muqueuses de la bouche car le venin n'est pas dans une poche mais dans les tissus sous-cutanés. De la même manière les dispositifs de type "aspivenin" n'ont guère d'intérêt

Les moyens antalgiques et qui retardent la diffusion du venin sont une poche de glace et l'immobilisation du membre atteint. Il ne faut pas faire d'injection de sérum hors hôpital. En effet, il y a des risques allergiques et elle est réservée aux cas les plus sévères, moins fréquents que les formes bénignes.

Les vives (poissons)

Les vives sont des poissons vivant à faible profondeur dans des eaux tempérées ou cachés dans le sable.. On ne les voit donc pas malgré leurs 10-15 cm de long ! On peut marcher dessus par mégarde. Il est donc recommandé de demander aux habitants du coin s'il y a des zones "à vives" et avoir de préférence des sandales en plastique à semelle épaisse pour marcher dans l'eau.

Lorsqu'on leur marche dessus, les vives ont une réaction de défense qui fait se dresser les aiguillons venimeux de leur dos. Leurs piqures sont très reconnaissables, et leur douleur est si intense qu'elle peut même provoquer une syncope, puis la noyade. Elle peut également causer des troubles neurologiques avec brûlures qui remontent le long du membre pour former un l’œdème.

La conduite à suivre est très simple :

  • nettoyer sommairement
  • surélever le membre
  • utiliser une source de chaleur pendant 10-15 minutes, le venin étant dégradé à partir de 56°C. On peut utiliser le bout incandescent d'une cigarette, la flamme d'un briquet, ou tremper l'extrémité du membre dans de l'eau bien chaude sans brûler.
  • donner un antalgique si possible, et amener systématiquement la victime dans un centre de soins.

Les rascasses (poissons)

Elles et les poissons-pierre se fondent dans le décor, mimant la roche. Leurs piqures peuvent être très dangereuses et provoquer des chocs allergiques. Ici aussi, celles-ci sont très douloureuses, avec des troubles sensitifs. Il faut être pêcheur ou chasseur sous-marin pour y être confronté, ou bien cuisinier (la rascasse est un élément important de la bouillabaisse). Les personnes concernées sont normalement formées aux précautions à prendre. La gestion est la même que pour les piqures de vive, mais avec le risque de choc allergique à surveiller. Il est encore plus impératif d'aller rapidement dans un centre de soins. Certaines piqures peuvent évoluer vers une petite zone de nécrose locale.

Les raies

Toutes les raies ne piquent pas. En France, la raie pastenague est assez répandue. Le traitement local est identique.

Les méduses

En France, les méduses se trouvent principalement dans les eaux chaudes de la Méditerranée. Ce sont des animaux translucides, pas toujours repérées par les baigneurs peu expérimentés (ou simplement peu attentifs). Dès qu'elles le sont, les services de surveillance informent les visiteurs des plages : elles ont tendance à arriver par bans entiers et la baignade est alors fortement déconseillée.

Les méduses piquent leur victimes avec leurs cellules urticantes, disposées sur leurs tentacules. Sur le littoral français, le contact avec une méduse est généralement bénin (contrairement à leurs cousines tropicales ou aux physalies, version géante, qui sont plus dangereuses). Il provoque généralement une brûlure et des picotements. Dans certaines circonstances,  selon la sensibilité du baigneur, cela peut aller jusqu'à la syncope et donc le risque de noyade.

La victime ressent après le contact une douleur semblable à une décharge électrique. Cette décharge électrique se transforme alors en une vive sensation de brûlure. Par la suite, une rougeur apparaît sur le trajet de contact des tentacules de l'animal, plus ou moins cloquée.

Que faire si je suis piqué par une méduse ?

  • Rincez la plaie immédiatement avec l'eau de mer jusqu'à la disparition des symptômes. L'eau douce pourrait faire éclater les cellules urticantes restées sur la plaie et augmenter la propagation du venin.
  • Mettre du sable sur la plaie et laisser sécher.
  • Une fois le sable séché, passer la tranche d'une carte de crédit ou le dos d'un couteau pour enlever les dernières cellules urticantes qui persistent. Cette action peut être difficile sur une zone poilue : il faudra peut-être la raser.
  • Si des tentacules transparentes sont présentes sur la plaie, les retirer doucement avec un gant ou avec une pince à épiler.
  • Pour apaiser la sensation de brûlure, utiliser du vinaigre ou de l'alcool dénaturé à 70°. De même, se frictionner au vinaigre sur un urticaire soulage très vite et permet de consulter plus serein !
  • En complément contre la douleur, penser aux applications de glace.
  • Rester vigilant et amener la victime dans un centre de soins si les piqûres sont nombreuses ou si terrain fortement allergique.

À ne pas faire si je suis piqué par une méduse

  • Faire saigner ou tenter de sucer la plaie
  • La chaleur n'est pas très efficace (seulement si faible envenimation)
  • Toucher les méduses trouvées inertes sur le sable : leurs cellules urticantes restent efficaces

Les moustiques

Is s'habituent malheureusement à beaucoup de nos répulsifs, mais nous avons encore du choix pour en venir à bout ! Certaines années - ou dans certains endroits - les lésions de grattage se sur-infectent plus ou moins facilement. Le traitement sera :

  • anti-histaminiques
  • parfois crème corticoïde ou anti-inflammatoire selon la réaction locale
  • désinfecter (si lésions de grattage)

En bonus, nous vous donnons une technique réputée comme efficace (bien que médialement inexplicable) lorsque vous êtes en nature ! Celle-ci est à priori sans risques si vous n'êtes pas allergique à des végétaux. En cas de morsure ou de piqûre d'insecte, cherchez aussitôt 3 plantes à feuilles différentes (pas des orties bien sûr...) et frottez la lésion avec chacune, l'une après l'autre l'autre. L'effet global va calmer, dans la plupart des cas, les douleurs locales et démangeaisons !

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Auteur : Dr Denise CAZIVASSILIO. Mis à jour en mars 2020 par le Dr Juan Sebastian SUAREZ VALENCIA.

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