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Eh bien, humm, comment dire… On a beau l’utiliser depuis près d’un siècle, on ne dispose toujours pas de tous les éléments pour expliquer en détails ses propriétés. Il semblerait que le paracétamol ait une action au sein du système nerveux central en inhibant la production de prostaglandine. Cette molécule est impliquée dans la transmission de la douleur et dans les mécanismes inflammatoires. D’où ses deux actions principales : un effet antipyrétique (abaissant la fièvre) et antalgique (anti-douleur).
D’autres hypothèses suggèrent également une action sur les centres produisant la sérotonine, sorte de “molécule du bonheur” permettant de compenser l’effet désagréable de la douleur.
Pas vraiment… En effet, si le paracétamol reste la molécule de première intention face à une douleur aiguë, son action reste limitée.Certaines douleurs trop intenses nécessitent un palier supérieur pour être soulagées. D’autres douleurs (dites neuropathiques) à type de décharges électriques, brûlures ou picotements notamment, nécessitent une toute autre classe de traitements médicamenteux (comme ceux utilisés chez les patients épileptiques). Enfin, c’est sans s’attarder sur les traitements “non-médicamenteux” qui représentent un immense champ d’applications et qui sont de plus en plus associés.
“J’ai lu sur la notice que même les femmes enceintes peuvent prendre du paracétamol en cas de douleur. C’est donc sans risque, hein ?”
Le paracétamol a beau avoir une excellente tolérance par rapport à d’autres médicaments, il n’en reste pas moins à risque d’effets indésirables, parfois graves, lorsque pris en excès. Dégradé par des enzymes, sortes de “ciseaux moléculaires”, le paracétamol se transforme en un produit toxique (NAPQI) lors de son passage dans le foie. En temps normal, ce dernier est éliminé par l’organisme sans représenter de danger. Toutefois, en cas de prise trop importante (estimée entre 8 et 10 grammes, soit une boîte entière de Doliprane), l’organisme n’arrive plus à suivre. Les produits toxiques s’accumulent et entraînent une mort des cellules du foie. Ceci peut avoir des conséquences gravissimes et nécessiter parfois une greffe de foie…
⚠️ On comprend donc mieux la limite de 4g par jour imposée sur la notice et le délai de 4h minimum entre 2 prises (le temps d’éliminer le produit toxique).
A quoi correspond la nouvelle réglementation du 15 Janvier 2020 sur la délivrance du paracétamol et des anti-inflammatoires ? Que les personnes assujetties à de fréquents maux de tête se rassurent ! Ces médicaments restent disponibles sans ordonnance. Toutefois, ils ne seront plus “en accès libre”. Pour ceux qui souhaitent prendre ces médicaments, il faut donc en faire la demande directement au pharmacien.Objectif de la mesure : pouvoir mieux contrôler la prise de ces traitements et limiter par la même occasion le risque d’effets indésirables. D’autant que le paracétamol est associé à de nombreuses autres molécules anti-douleurs, sans que cela soit explicite (par exemple les traitements anti-rhume comme Fervex ou Humex)...
Une dernière anecdote : saviez-vous que le mot “paracétamol” est une contraction du nom de la molécule chimique d’origine “para-acétyl-amino-phénol” ? Qui sait, cela vous servira peut-être au cours d’un dîner entre migraineux chroniques... 😉
D'ailleurs, si vous êtes sujet à des maux de tête, consultez notre article Mal de tête : et si c'était lié à ma vue ?
Auteur : Benjamin BARKAT (Externe hospitalier à l’APHP) - relu par le Dr Juan Sebastián SUAREZ VALENCIA
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