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On peut lister :
Les plus gênants sont les gaz. Le plus inquiétant, la douleur. 7 fois sur 10, c’est elle qui incite à consulter tant son caractère profond, récurrent semble cacher un ennemi potentiel.
Les troubles étiquetés fonctionnels ont une caractéristique commune. Ce sont toujours des douleurs chroniques dont la durée excède 3 mois, continues ou non. Elles durent souvent plusieurs années. Pas question d’évoquer des troubles fonctionnels devant une douleur aiguë récente. Si c’est aigu et récent, une maladie organique doit être recherchée avant tout. Ceux que l’on étiquette « fonctionnels » sont gênés dans leur vie quotidienne, parfois très gênés, mais ne sont pas considérés comme porteurs d’une « vraie » maladie. Ces troubles constituent pourtant la première cause de consultation en médecine générale, et entre le tiers et la moitié des consultations d’un gastroentérologue. Les modalités des douleurs et leurs profils évolutifs sont variables d’une personne à l’autre.
En matière de troubles fonctionnels, très mal ne veut pas dire très grave. Souffrir d’une douleur chronique (même intense, même gênant la vie courante) ne signifie pas que l’on est atteint d’une maladie grave.
Si c’était simple, une douleur au niveau du creux de l’estomac témoignerait d’une maladie gastrique. En haut à droite, ce serait la vésicule, et en bas, l’intestin. Alors, plus besoin de médecins ! Sauf qu’en matière de douleurs abdominales, l’endroit d’une douleur n’est pas un indicateur fiable de l’organe ou de la région qui souffre. La douleur et sa lésion d’origine sont rarement superposées ! On dit de la douleur digestive qu’elle peut être référée, c’est-à-dire se manifester dans une zone sans aucun rapport avec l’organe responsable. Ainsi, les douleurs de rate peuvent faire mal seulement dans l’épaule gauche, les douleurs de vésicule peuvent bloquer la respiration, les douleurs pancréatiques font parfois seulement mal dans le dos…
Des expériences de stimulations douloureuses démontrent le caractère voyageur des symptômes. Une expérience consistant à gonfler des ballonnets dans l’intestin a montré que la douleur peut se projeter loin, jusqu’en dehors de l’abdomen, soit vers le thorax, soit vers la région lombaire. Et non seulement la douleur est de projection variable, mais chez une même personne elle n’est pas reproductible. Cela veut dire que si vous réalisez plusieurs fois la même stimulation douloureuse, la personne peut avoir une fois mal à droite et l’autre fois à gauche.Il y toujours une localisation légèrement préférentielle : le creux épigastrique, c’est-à-dire en regard de l’estomac. Une explication possible : à ce niveau, juste en arrière de l’estomac, se trouve le « plexus solaire », lieu de convergence d’une grande partie des nerfs digestifs, centre névralgique ou transitent tous les influx nerveux entre le tube digestif et la moelle épinière puis le cerveau. Bien qu’un peu majoritaires en projection de l’estomac, les douleurs abdominales fonctionnelles se répartissent cependant sur tout le territoire abdominal.
Sachez que, paradoxalement, plus une douleur identique dure depuis longtemps, moins elle a de chances d’être grave. « Plus vos troubles sont présents depuis longtemps, plus c’est rassurant ! ». Le raisonnement médical est aussi du bon sens : une maladie grave ne se manifeste pas sous la forme d’un symptôme répétitif, non ou peu évolutif sauf en intensité, durant tant de mois voire d’années, et sans altération de l’état général du patient.
Des symptômes intestinaux se rencontrent dans toutes les maladies digestives. On parle de troubles fonctionnels seulement sous certaines conditions :
Il n’y a donc pas de :
Si un seul des signes de la liste ci-dessous est associé à vos troubles, consultez impérativement votre médecin, il faudra probablement réaliser des examens :Les signes d’alerte :
On ne connait pas de cause mais on évoque plusieurs pistes de recherche :
Les recherches actuelles s’orientent dans 2 directions. D’une part, les nombreux nerfs présents tout au long du tube digestif dont l’importance apparait un peu plus chaque jour (le cerveau abdominal). D’autre part, le rôle de la flore intestinale (le microbiote) et de sa composition. Il ne faut pas oublier que le ventre ne contient pas que des viscères. De plus, le tube digestif est assez peu douloureux. On estime que plus de la moitié des douleurs abdominales ne provient pas de l’intérieur du ventre, mais des muscles, des nerfs, voire du dos.
En matière de traitement de colopathie fonctionnelle :
À défaut de pouvoir agir sur la cause, la prise en charge des colopathies vise à diminuer l’impact des troubles et leur retentissement sur la vie quotidienne. Le traitement est adapté aux symptômes de chaque patient. Il comporte :
On parle de médicaments à visée symptomatique. Ils agissent sur les manifestations cliniques mais pas sur la cause puisqu’on ne la connait pas. Peuvent être prescrits, seul ou en combinaison :
Les laxatifs méritent un chapitre spécial. Ils se répartissent en plusieurs classes selon leur mode d’action. Pour un traitement de régularisation de transit prolongé, le traitement est choisi parmi ces différentes classes de laxatifs :
Effet indésirable commun à tous les laxatifs : la diarrhée. En cas de diarrhée, diminuer la dose journalière ou le prendre un jour sur 2.
Attention à l’automédication : de nombreux traitements de constipation peuvent être achetés sans ordonnance. Attention particulièrement aux médicaments à base de « plantes » : ce sont, pour la majorité, des laxatifs stimulants la sécrétion intestinale d’eau et d’électrolytes et présentant des effets indésirables généraux (risque ionique notamment). En pratique : tous les traitements de constipation en comprimés contiennent des ingrédients irritants pour le colon et ne doivent être pris que ponctuellement.
Il n’y a pas de régime type de colopathie. Il est important d’enrichir son alimentation en fibres de façon modérée et régulière (sans quoi des ballonnements peuvent s’aggraver) et de boire beaucoup d’eau (afin de faciliter leur efficacité).Chaque personne peut écarter les aliments qu’il a identifié comme responsables de ses troubles, sachant que ces aliments déclencheurs ne sont pas les mêmes pour tous. Par exemple, certains aliments favorisant la fermentation sont souvent mal tolérés (haricots secs, haricots blancs, choux...). Se méfier aussi de ce qui introduit du gaz dans le tube digestif (boissons gazeuses, chewing-gum, alimentation précipitée). Il est possible de tenter durant quelques jours un test d’éviction du lactose (contenu dans le lait, les fromages, fromages blancs, crèmes desserts). En effet, de nombreux adultes digèrent mal le lactose. Après une semaine sans lactose, en cas d’amélioration, réintroduire petit à petit les différents aliments, et tester la dose que vous supportez. Dans tous les cas d’intolérance au lactose, il reste possible de manger des yaourts, car les bactéries du yaourt digèrent le lactose à votre place. Les recherches se portent actuellement vers la composition des différents aliments en composés fermentescibles (les FODMAPs), dont font partie plusieurs aliments contenant du gluten.
Attention : il ne faut pas multiplier les restrictions alimentaires, cela génère des déséquilibres alimentaires et des carences.
APSSII - Association des Patients Souffrant du Syndrome de l’Intestin Irritable
Adresse postale : 178, rue des renouillers Secrétariat du Pr Sabaté, Service d’hépato-gastro-entérologie, Hôpital Louis Mourier- 92700 Colombes
Email : secretariat@apssii.org
Auteur : Dr Marion Lagneau, Gastroentérologue et Directeur Médical MédecinDirect
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