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Cette tribune a pour objectif d’informer le grand public sur l’existence et le développement de technologies, notamment en France, qui permettent de construire pour chaque cas des informations quantifiées, imagées, ciblées, et faire rentrer diagnostic et traitement du cancer de la prostate dans le domaine de la médecine personnalisée.
La prostate est une petite glande située au fond du bassin, qui a un rôle double pour les fonctions urinaires et sexuelles. Un homme sur 6 est touché par le cancer de la prostate, et il est toujours la 3e cause de décès par cancer chez l’homme : c’est un réel problème de santé publique, d’autant que des budgets publics importants y sont consacrés.
Source : schoolmouv.fr
Aujourd’hui, les moyens de dépistage, généralement recommandés à partir de 50 ans, comme le marqueur sanguin PSA, ne sont pas efficaces pour détecter et qualifier le cancer, notamment le cancer non agressif. Le PSA est un indicateur qui amène le patient et son praticien à aller plus loin dans le diagnostic, et éventuellement s'engager dans une simple surveillance pour les cas bénins.La prise en charge du cancer de la prostate repose avant tout sur une détection précise et précoce des foyers cancéreux. Aujourd’hui, seule la biopsie permet d’affirmer la présence ou non d’un cancer et d’établir son pronostic, évalué en fonction de la taille et l’agressivité des tumeurs.
La biopsie qui consiste à prélever du tissu de la prostate par une aiguille fine est le seul moyen qui permet de conclure sur l'existence de cancer et sur son degré d’agressivité (un score de Gleason est attribué à chaque prélèvement atteint, après analyse au microscope).
Malheureusement la biopsie classique est guidée par l’échographie endo-rectale, qui n’a pas prouvé sa capacité à visualiser et décrire les lésions cancéreuses. Les prélèvements qui sont généralement au nombre de 12, ou plus en cas de rebiopsie de saturation, sont repartis au mieux dans l’organe mais ne sont pas ciblés : on qualifie cette biopsie, qui correspond malgré tout aujourd’hui à l’état de l’art, de « biopsie à l’aveugle ». Son pouvoir de détection et de qualification est faible.
Depuis 10 ans l’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) progresse et affiche de bonnes « sensibilité et spécificité » dans la détection du cancer de la prostate. Aujourd’hui, non seulement les systèmes développés sont performants, mais aussi il existe un standard de lecture et de notation des lésions vues à l’IRM (score PIRADS).
L'idée est née de cibler les biopsies sur les zones suspectes vues à l’IRM, afin de développer la capacité de la biopsie non seulement à détecter, mais aussi localiser et qualifier les lésions cancéreuses.Chercheurs et acteurs industriels ont proposé des moyens logiciels de fusion de l'IRM sur l’échographie guidant la biopsie, parmi lesquels la société française Koelis (Grenoble) dont la plate-forme Trinity renferme des technologies uniques d’imagerie 3D, de fusion élastique d’images et de navigation de la prostate.
Source : KOELIS SA]
Dès lors que les praticiens de plusieurs disciplines mettent en commun leurs mesures et leurs conclusions via la technologie de fusion, se crée ce que l’on peut appeler la cartographie personnalisée de la prostate.On peut espérer que cette cartographie représente un outil de discussion et de décision pour orienter le patient vers :
Le traitement focal du cancer de la prostate ne fait pas encore partie des recommandations officielles par les autorités, mais fait l’objet de plus en plus de communications et de validations, certains systèmes thérapeutiques étant sur le marché depuis un certain temps (curiethérapie, ultrasons focalises HIFU, cryothérapie), certains étant en cours de développement (laser, micro-ondes, radiofréquence).
En résumé, de nouvelles technologies d’imagerie IRM et de fusion d’images ont vu le jour dans le domaine du cancer de la prostate et se développent rapidement, pour donner au praticien et au patient accès à un diagnostic détaillé, permettant une prise en charge personnalisée, associée à des outils quantitatifs de contrôle qualité à chaque étape de la prise en charge.
Ces innovations technologiques sont nées il y a une dizaine d’années, et ont fait preuve de validations scientifiques et cliniques dans les plus grandes universités dans le monde.
Étude démontrant la pertinence de « cibler uniquement la lésion cancéreuse ». On ne prélève que quelques échantillons en cas seulement d’IRM positive, par rapport à un schéma « aléatoire », qui consiste à prélever plus d’une dizaine de carottes à l’aveugle.
[Ref : Kasivisvanathan et al. Prostate evaluation for clinically important disease: Sampling using image-guidance or not? (The PRECISION study, NCT02380027) - European Urology Supplements 17(2):e1716-e1717 · March 2018]
Étude sur l’importance de la précision dans le ciblage des biopsies. Une équipe française a mesuré la distance en mm pour qu’un prélèvement touche le centre de sa cible IRM. La réalisation de biopsies ciblées avec la technologie KOELIS® obtient une précision inferieure à 3mm, ce qui assure un taux de détection du cancer significatif maximal par les biopsies ciblées de fusion.
[Ref : Cornud et al. Precision Matters in MR Imaging-targeted Prostate Biopsies: Evidence from a Prospective Study of Cognitive and Elastic Fusion Registration Transrectal Biopsies. Radiology. 2018 May;287(2):534-542. doi: 10.1148/radiol.2017162916. Epub 2018 Jan 22.]
Étude prouvant l’efficacité du couple IRM/biopsie dans la qualification des lésions cancéreuses. Une équipe de Turin a centralisé les résultats de plus de 2000 patients dans 15 centres experts, pour conclure sur la plus grande efficacité de la fusion. Ses résultats s’associent à une très bonne correspondance entre les scores IRM (PI-RADS) et les scores de biopsie (Score de Gleason).
[Ref : Oderda et al. Accuracy of elastic fusion biopsy in daily practice: Results of a multicenter study of 2115 patients. Int J Urol. 2018 Sep 5. doi: 10.1111/iju.13796.]
Une équipe toulousaine a montré à travers 2 études (approche transrectale et approche transpérinéale) que le fait d’enregistrer toutes les données « patient » dans une cartographie unique permet un taux de détection maximal du cancer et une meilleure prise en charge.
[Ref : Covin et al. Refining the risk-stratification of transrectal biopsy-detected prostate cancer by elastic fusion registration transperineal biopsies. World J Urol. 2018 Aug 25. doi: 10.1007/s00345-018-2459-4.]
Auteur : Professeur Pierre Mozer, Urologue à la Pitié-Salpetriere (APHP)
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