La drépanocytose : comprendre cette maladie génétique et ses impacts

Un homme atteint de drépanocytose est allongé dans un canapé

La drépanocytose, ou anémie falciforme, est une maladie génétique très répandue. Selon des données de mai 2024 de l’OMS, 66 % des 120 millions de personnes atteintes de drépanocytose dans le monde vivent en Afrique. En effet, la maladie est particulièrement répandue au sein des populations africaine, méditerranéenne et du Moyen-Orient. Elle se manifeste par la production de globules rouges en forme de faucille, qui entravent le transport de l'oxygène et provoquent des blocages dans les vaisseaux sanguins. Contrairement au passé, elle n'est plus vue comme une maladie rare ou limitée à certaines communautés, grâce à une meilleure sensibilisation, un excellent dépistage et une très bonne prise en charge.

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Drépanocytose : qu'est-ce que c'est ?

La drépanocytose est une affection génétique qui altère la forme et la fonction des globules rouges. Ces derniers, prenant une forme de faucille (ou falciforme), sont déformés et perdent leur capacité à transporter efficacement l'oxygène. Cette déformation entraîne le blocage des globules rouges dans les vaisseaux sanguins, ce qui provoque des complications vasculaires et des crises douloureuses à répétition.

La drépanocytsoe : quels sont les différents types ?

La drépanocytose se présente sous plusieurs formes :

  • la drépanocytose momozygote (SS) : c’est la forme la plus courante et souvent la plus sévère. Elle est également appelée anémie falciforme. Dans ce cas, l'individu hérite de deux copies du gène de l'hémoglobine S (HbS). Les globules rouges se déforment en forme de faucille, ce qui entraîne une anémie chronique, des crises douloureuses fréquentes (crises vaso-occlusives) et un risque accru de complications telles que les infections, les accidents vasculaires cérébraux ou des atteintes aux organes ;
  • la drépanocytose hétérozygote SC : dans la drépanocytose hétérozygote SC, l'individu hérite d'une copie du gène S et d'une copie du gène de l'hémoglobine C (HbC). Cette forme se caractérise par des symptômes généralement moins sévères que ceux de la drépanocytose homozygote, même si des complications spécifiques, notamment des troubles oculaires et des épisodes douloureux, peuvent néanmoins survenir. Les patients SC peuvent présenter une anémie modérée et une tendance à développer certaines complications vasculaires ;
  • la drépanocytose associée à la thalassémie (S/β-thalassémie) : ce type de drépanocytose apparaît lorsque l’un des gènes porte la mutation de l'hémoglobine S, tandis que l’autre gène est affecté par une mutation de thalassémie beta. La sévérité de cette forme dépend du degré de réduction de la production d’hémoglobine dû à la thalassémie. Ainsi, la drépanocytose S/β-thalassémie peut varier de légère (β-thalassémie mineure) à une forme plus sévère (β-thalassémie majeure), avec des symptômes intermédiaires entre ceux de l’HbSS et de l’HbSC.

Mieux comprendre la drépanocytose : les causes

La drépanocytose est une maladie génétique héréditaire qui touche les globules rouges (hématies).  Elle est caractérisée par une anomalie de l’hémoglobine, qui est la principale protéine du globule rouge.

L'hémoglobine a pour rôle, de transporter l'oxygène à travers le corps, c’est-à-dire des poumons vers les tissus. Elle participe aussi à l’élimination du dioxyde de carbone.

Cette maladie se transmet selon un modèle autosomique récessif. Cela implique qu'une personne doit recevoir deux copies du gène muté, une de chaque parent, pour manifester les symptômes de la drépanocytose. Les individus avec une copie mutée (forme S) et une copie normale (forme A) sont des porteurs sains (S/A), sans symptômes, mais peuvent transmettre le gène muté à leur descendance.

Lorsque les deux parents sont porteurs sains (S/A), il existe :

  • une probabilité de 25 % que leur enfant hérite des deux gènes mutés (S/S) et développe la drépanocytose ;  
  • une probabilité de 50 % d'être porteur sain (S/A) ;  
  • une probabilité de 25 % d'hériter de deux gènes normaux (A/A) et de ne pas être affecté.

Symptômes de la drépanocytose

La drépanocytose présente des symptômes variables. Ceux-ci dépendent de l’âge du patient et de la sévérité du cas de drépanocytose.

Dans ses premiers mois de vie, le nourrisson atteint de drépanocytose est asymptomatique, car il bénéficie encore de la présence de l’hémoglobine fœtale. En grandissant, celle-ci disparaît au profit de l’hémoglobine S, ce qui engendre des symptômes comme :

  • l’anémie : c’est souvent le premier signe de la maladie. Elle se manifeste par une destruction anticipée des globules rouges, ce qui entraîne pâleur, fatigue chronique, ictère (jaunisse) et urines foncées. Ce symptôme est néanmoins souvent bien toléré par les patients ;
  • les crises douloureuses ou crises vaso-occlusives : elles résultent de l'obstruction des petits vaisseaux sanguins par les globules rouges déformés. Ces crises, fréquentes et parfois sévères, peuvent affecter diverses parties du corps comme les os, les articulations des bras et des jambes, le dos ou encore la poitrine. Elles sont plus courantes et plus intenses chez les enfants et peuvent être provoquées par le stress, le froid, l'altitude, la déshydratation, la fièvre, l'alcool, le tabac et l'effort physique ;
  • les accidents vasculaires cérébraux (AVC) : ils résultent d'une diminution ou d'un blocage de la circulation sanguine dans le cerveau. Les fonctions cérébrales sont altérées, ce qui entraîne des crises, des troubles de la marche, des maux de tête, une confusion et une perte de conscience. Les AVC ischémiques sont fréquents chez les enfants, tandis que les AVC hémorragiques sont plus fréquents chez les adultes ;
  • les infections : elles sont plus communes et plus graves chez les personnes atteintes de drépanocytose, en particulier les infections bactériennes dues aux pneumocoques, méningocoques et staphylocoques. Ces infections peuvent exacerber l'anémie, surtout lorsqu'elles sont causées par le parvovirus B19. Les épisodes de fièvre constituent un signal d'alarme qui nécessite une consultation médicale urgente, particulièrement chez les enfants de moins de 5 ans, car il existe un risque de mortalité (septicémie foudroyante).

Drépanocytose : quelles complications ?

Les manifestations chroniques de la drépanocytose peuvent profondément affecter l’organisme. Certaines complications peuvent apparaître, comme :

  • un retard de croissance ;
  • une puberté tardive ;  
  • des carences alimentaires (notamment en folates) ;
  • des troubles cardio-pulmonaires (comme l'augmentation de la taille du cœur et l'insuffisance respiratoire) ;  
  • une hypertrophie ou une atrophie de la rate.

Chez les adultes, les complications sont susceptibles de toucher presque tous les organes, notamment :

  • le rein : insuffisance rénale ;
  • le système ostéo-articulaire : arthrose, ostéoporose ;
  • l’œil : hémorragies intraoculaires ;
Bon à savoir : chez les enfants, la crise vaso-occlusive se manifeste généralement par le gonflement douloureux des mains et des pieds ; l’on parle de syndrome pied-main.

Diagnostic

Le diagnostic de la drépanocytose est de nos jours réalisé en premier lieu à partir d’un simple échantillon de sang, selon des méthodes comme :

Les tests habituellement effectués sont les suivants :

  • le dépistage néonatal : en France, le dépistage de la drépanocytose fait partie intégrante du programme de dépistage néonatal. Un échantillon de sang est prélevé sur le talon du nouveau-né, habituellement entre le deuxième et le troisième jour après la naissance. Cet échantillon est analysé par électrophorèse de l'hémoglobine ou par chromatographie liquide haute performance (HPLC) pour identifier la présence de l'hémoglobine S ;
  • le diagnostic prénatal : le diagnostic prénatal peut être réalisé par analyse du sang fœtal ou étude de l'ADN génomique fœtal, ce qui permet de détecter la mutation génétique responsable de la drépanocytose dès la 18e semaine de grossesse ;
  • le diagnostic préimplantatoire : ce diagnostic est réalisé dans le cadre d’une fécondation in vitro, chez les couples présentant un risque élevé de donner naissance à un enfant atteint.

En l’absence de diagnostic périnatal, la maladie est le plus souvent découverte dans l’enfance, rarement au-delà, sauf pour les patients qui présentent des formes donnant peu de symptômes ou encore pour des personnes provenant de pays médicalement moins équipés.  

Bon à savoir : il existe aujourd’hui des tests rapides pour diagnostiquer la drépanocytose. Ils permettent d’obtenir un diagnostic en moins de 30 minutes et sans passer par un laboratoire.  

Traitements et prise en charge de la drépanocytose

La prise en charge de la drépanocytose se concentre sur la réduction de la sévérité des symptômes, la prévention des complications, et l'amélioration du bien-être des patients. Sans cure définitive, les stratégies de traitement varient pour répondre aux exigences spécifiques de chaque individu :

  • prévention des complications : une attention médicale doit être portée en continu, pour éviter les complications. Cela comprend l'administration d'antibiotiques pour protéger contre les infections, en particulier chez les jeunes enfants, et la vaccination contre les maladies fréquentes. Il est aussi important de rester bien hydraté et de maintenir un mode de vie sain, à travers notamment une alimentation équilibrée et une bonne hygiène de vie ;
  • transfusions sanguines : pour atténuer l'anémie et prévenir les complications vasculaires, les transfusions de globules rouges peuvent être nécessaires, surtout chez les patients avec des formes sévères de la maladie ;
  • greffe de moelle osseuse : c’est le seul traitement curatif actuellement disponible contre la drépanocytose. Pour certains patients jeunes et ceux ayant un donneur compatible, la greffe de moelle osseuse représente une option importante, car elle offre une chance de guérison en remplaçant la moelle osseuse affectée par une saine. En effet, cette procédure confère plus de 95 % de succès et il est possible de trouver un donneur compatible dans 70 % des cas. Toutefois, elle reste très lourde et coûteuse ;
  • gestion des crises douloureuses : le traitement des crises douloureuses se fait par des analgésiques tels que l'acétaminophène et l'ibuprofène. Des précautions simples, comme une hydratation régulière, le maintien d'une température corporelle adéquate, l'évitement des infections respiratoires et une alimentation riche en fer, peuvent réduire la fréquence et l'intensité de ces crises. Si la douleur persiste, une hospitalisation est nécessaire.
Bon à savoir : en France, il arrive que les patients atteints de drépanocytose développent une alloimmunisation érythrocytaire, c’est-à-dire que le système immunitaire du malade réagit contre le sang du donneur. Cela est dû au fait que les donneurs et les malades sont souvent d’ethnies différentes.

Prévention de la drépanocytose

La drépanocytose est une maladie génétique qui, une fois présente, ne peut être prévenue. Toutefois, il est possible de mettre en œuvre des mesures pour minimiser le risque de transmission aux futures générations et pour éviter les crises et complications liées à cette maladie :

  • conseil génétique : pour les familles ayant des antécédents de drépanocytose, il est conseillé aux futurs parents de recevoir un conseil génétique avant la conception. Cela comprend une analyse génétique pour vérifier s'ils sont porteurs de la mutation responsable de la maladie ;
  • diagnostic prénatal : en cas de risque génétique élevé, un diagnostic prénatal peut être envisagé. Il permet de détecter la mutation génétique dans l'ADN du fœtus, soit par biopsie de villosités choriales dès la 12e semaine de grossesse, soit par amniocentèse vers la 16e semaine. Si le fœtus est porteur de la mutation (S/S), les parents peuvent choisir d'interrompre la grossesse ;
  • diagnostic pré-implantatoire : pour les couples désirant éviter la transmission de la drépanocytose, ce diagnostic est une technique disponible lors d'un traitement de FIV. Il consiste à sélectionner les embryons sans la mutation génétique avant de les implanter dans l'utérus ;

Mesures de prévention des crises

Pour les personnes atteintes de drépanocytose, certaines pratiques peuvent aider à prévenir les crises vaso-occlusives. Il est conseillé de :

  • boire abondamment d’eau ;
  • se maintenir au chaud ;
  • éviter les courants d'air et les changements brusques de température ;
  • consommer des aliments riches en fer et en folates ;
  • se protéger contre les infections respiratoires.  

Les consultations médicales régulières sont également importantes pour prévenir d'éventuelles complications.

Vaccinations et antibiothérapie préventive

Être à jour dans ses vaccinations, notamment contre les pneumocoques, Haemophilus influenzae type B, la rougeole, la coqueluche et l’hépatite B, permet d’éviter les infections susceptibles de détériorer l'état de santé. Une antibiothérapie préventive peut aussi être recommandée pour diminuer le risque d'infections bactériennes.

L'avis des experts de MédecinDirect sur la drépanocytose :

Les progrès dans la prise en charge de la drépanocytose ont permis d’accroître significativement l’espérance de vie moyenne des personnes atteintes de la maladie. Cette espérance est aujourd’hui de plus de 40 ans alors qu’elle était inférieure à 20 ans avant les années 1980. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer le quotidien des malades. Il est à noter que le dépistage dès la naissance, les soins préventifs et les traitements spécifiques jouent un grand rôle dans la gestion des crises et la prévention des complications graves.

 

 

SOURCES :
  • Ministère de la santé : le lien
  • Assurance maladie : le lien
  • Fondation pour la recherche médicale : le lien
  • Hôpital Robert Debré AP-HP : le lien

 

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