Déni de grossesse : comprendre, identifier et accompagner

Déni de grossesse

Le déni de grossesse est un trouble qui affecte certaines femmes sans qu'elles ne prennent conscience de leur état, parfois jusqu'à l'accouchement. Ce trouble est loin d’être un acte de négligence. Il s’agit d’un signe de détresse psychologique, où les symptômes habituels de grossesse peuvent être absents, ce qui complique le diagnostic.

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Qu'est-ce que le déni de grossesse

Le déni de grossesse est un phénomène complexe qui se caractérise par l'incapacité d'une femme enceinte à reconnaître sa grossesse. Classifié comme un trouble psychique de la gestation , il traduit une souffrance psychologique plutôt qu'une simple ignorance. On parle de déni de grossesse lorsque la femme apprend qu’elle est enceinte à partir de la quatorzième semaine d’aménorrhée.  

Selon les études épidémiologiques, le déni de grossesse pourrait concerner jusqu’à environ 1 grossesse sur 500. Environ 80 femmes accouchent inopinément d’un enfant chaque année, à la suite d'un déni de grossesse total.

Différents types de déni de grossesse

Il existe deux différents types de déni de grossesse : le déni partiel et le déni total.

  • déni de grossesse partiel : la femme prend conscience de sa grossesse avant son terme, généralement entre la fin du premier trimestre et la fin de la grossesse. Une fois la grossesse admise, le corps peut connaître des modifications rapides ;
  • déni de grossesse total : plus rare, il se caractérise par une absence totale de conscience de la grossesse jusqu'à l'accouchement, pouvant parfois se prolonger après la naissance.

Le déni de grossesse peut se manifester par une absence ou une réduction notable des signes physiques typiques de la grossesse, comme les nausées ou la fatigue. L'utérus peut s'allonger le long de la colonne vertébrale et le fœtus va ainsi se positionner de manière à rendre la grossesse moins visible. La prise de poids peut être stable ou diminuer, et les menstruations peuvent continuer ou être confondues avec des saignements atypiques.

Ce phénomène est souvent lié à des mécanismes de défense inconscients, activés en réponse à des traumatismes, angoisses ou conflits internes non résolus. Des éléments tels que l'ambivalence face à la maternité, la relation au corps, des traumatismes antérieurs ou présents, et des conflits psychiques peuvent favoriser l'apparition de ce trouble. Bien qu'il serve à protéger le psychisme de la femme, le déni de grossesse peut avoir des conséquences psychologiques importantes, notamment lors de l'accouchement et après.

Déni de grossesse : quelles démarches auprès de l’Assurance maladie ?

Après leur accouchement à la suite d’un déni de grossesse, bon nombre de femmes se sentent perdues face aux démarches à accomplir auprès de la Sécurité Sociale, afin d’obtenir des congés et indemnités.

Afin que la caisse primaire d’assurance maladie puisse enregistrer le déni de grossesse, la femme qui vient d’accoucher à la suite d’un déni doit faire parvenir :

  • un certificat médical attestant de l'état du déni de grossesse

OU

  • une déclaration de grossesse effectuée ou non après le début du repos prénatal (grossesse détectée au cours du repos prénatal ou à l’accouchement).

Ces documents vont permettre d'enregistrer les dates du congé maternité avec une date de début, soit à la cessation de l'activité, soit à la date de l'accouchement.

Toutes les informations sur la durée du congé maternité sont disponibles sur ameli.fr, ainsi que toutes les conditions d'ouverture de droits aux indemnités journalières.

N'hésitez pas à prendre contact avec votre caisse primaire pour faire le point sur votre dossier.

Causes du déni de grossesse

Les causes du déni de grossesse sont parfois interconnectées. Il peut s’agir entre autres de :

  • facteurs psychologiques : les racines du déni de grossesse plongent profondément dans le psychologique. L'ambivalence face au désir d'enfant est un exemple pertinent ; une femme peut se trouver déchirée entre son désir et sa capacité à endosser le rôle de mère, poussant ainsi son psychisme à nier la réalité de la grossesse. Les traumatismes, qu'ils soient passés ou présents, tels que les agressions sexuelles, les violences ou les difficultés familiales, peuvent également jouer un rôle important. Ces expériences douloureuses incitent souvent le psychisme à développer des mécanismes de défense afin d'échapper à la douleur et à l'angoisse liées à la grossesse ;
  • Facteurs émotionnels et relationnels : les conflits psychiques irrésolus et les complications relationnelles figurent aussi parmi les causes majeures. Vivre dans un environnement instable ou dans un contexte où la sexualité est un sujet tabou peut augmenter le risque de déni de grossesse. De même, des grossesses successives ou la conviction d'être stérile peuvent influencer cette condition ;
  • aspects socioculturels : les facteurs socioculturels ne sont pas à négliger. En effet, le contexte social et les normes culturelles peuvent altérer la perception qu'une femme a de la grossesse et de la maternité. Par exemple, évoluer dans un environnement où la maternité est stigmatisée ou un endroit où les ressources pour les mères sont insuffisantes peut favoriser le déni de grossesse ;

Le rapport au corps et à la sexualité est également déterminant. Une femme qui entretient une relation difficile avec son corps ou sa sexualité peut avoir du mal à accepter l'idée d'une grossesse, ce qui peut mener à un déni.

Symptômes et signes du déni de grossesse

Le déni de grossesse est marqué par une absence ou une diminution notable des symptômes typiques de la grossesse. Cet état peut se manifester par plusieurs signes et symptômes, souvent non perceptibles.

Absence de symptômes typiques

L'un des aspects principaux du déni de grossesse est l'absence de signes couramment associés à la grossesse, tels que :

  • l’absence de nausées et vomissements ;
  • l’absence d’aménorrhées ;
  • une faible augmentation du périmètre abdominal ;
  • une prise de poids absente ou faible ;
  • pas de seins gonflés et sensibles ;
  • pas de fatigue inhabituelle ;
  • pas de besoin fréquent d'uriner.

Position et invisibilité du fœtus

Le fœtus peut se positionner de manière à rendre la grossesse presque invisible. Il peut se loger derrière les côtes ou le long de la colonne vertébrale, ce qui ne modifie pas ou peu l'apparence du ventre. Les mouvements, généralement perçus autour de la 20e semaine, peuvent passer inaperçus ou être attribués à des troubles digestifs.

Douleurs et autres symptômes

Certains symptômes peuvent survenir, mais sont souvent mal interprétés :

  • douleurs abdominales : elles peuvent être ressenties mais attribuées à d'autres causes, telles que des troubles digestifs ou une appendicite.
  • saignements vaginaux : ils peuvent se produire et être confondus avec des menstruations ou d'autres problèmes gynécologiques.

Dans les cas de déni total, la grossesse peut ne devenir évidente qu'au moment de l'accouchement, à la suite de douleurs abdominales intenses amenant la femme à consulter en urgence, sans qu'elle ait eu connaissance de sa grossesse.

Diagnostic du déni de grossesse

Le diagnostic du déni de grossesse représente un défi en raison de l'absence ou de la discrétion des symptômes habituels de la grossesse. Les méthodes et les indicateurs clés suivants sont essentiels pour détecter et confirmer un déni de grossesse :

  • test de grossesse : il permet d’avoir une réponse simple et rapide. En effet, le test de grossesse sera toujours positif, même dans le cadre d’un déni de grossesse ;
  • examen gynécologique et échographie : l'examen gynécologique et l'échographie sont indispensables pour confirmer la grossesse.  
  • échographie abdominale : elle peut déceler un fœtus, même si la femme ignore sa grossesse ;

Une fois le déni partiel de grossesse diagnostiqué, le corps de la future mère se métamorphose au fil des heures suivant l’annonce. La verbalisation de la grossesse entraine de ce fait une prise de conscience et des modifications corporelles.

Conséquences du déni de grossesse

Le déni de grossesse a des répercussions tant sur le plan physique que psychologique, pour la mère et l'enfant. Les conséquences sont diverses et peuvent être graves.

Conséquences pour l'enfant

Les enfants issus de grossesses niées font face à de multiples risques :

  • prématurité : risque accru de naissance prématurée, pouvant entraîner des complications et un faible poids à la naissance ;
  • retard de croissance intra-utérin : l'absence de suivi médical peut causer un retard dans le développement du fœtus ;
  • hospitalisation néonatale : un risque plus élevé d'hospitalisation dès la naissance due à diverses complications de santé ;
  • mortalité fœtale : risque accru de mortalité due à des fausses couches, des décès in utero, ou des anomalies congénitales ;
  • retard de développement psychomoteur : possibilité de retard de développement et de problèmes de langage chez 30 % des enfants à l'âge de 2 ans.

Conséquences pour la mère

Les effets sur la mère sont également significatifs :

  • accouchement inopiné et complications : un accouchement sans assistance médicale peut être traumatisant et dangereux ;
  • conséquences psychologiques : la découverte soudaine de la grossesse peut provoquer choc, refus, culpabilité, honte, et même dépression post-partum ;
  • comportements à risque : le tabagisme, la consommation d'alcool ou de caféine pendant le déni peuvent nuire à la santé du fœtus et augmenter les risques de complications ;

Impact sur la relation mère-enfant

Le déni de grossesse peut fortement perturber le lien mère-enfant :

  • difficultés pour certaines à créer des liens affectifs, ce qui influence négativement le développement émotionnel et psychologique de l'enfant ;
  • risque d'abandon d'enfants.

Prise en charge et accompagnement du déni de grossesse

Le déni de grossesse nécessite une prise en charge bienveillante et adaptée. L'accompagnement médical permet d’évaluer l'état de santé de la mère et de l'enfant, mais un soutien psychologique est souvent recommandé.  

En effet, face aux impacts psychologiques du déni, un soutien psychologique est souvent nécessaire pour aider la femme à accepter sa situation. Cela contribue également à prévenir ou traiter des troubles tels que la dépression post-partum. Des séances en couple ou en famille peuvent être organisées pour aider à l'adaptation à la nouvelle situation et renforcer les liens entre la mère, l'enfant et les autres membres de la famille.

La prise de conscience soudaine peut nécessiter des séances avec un thérapeute ou un psychologue pour aider la mère à intégrer et à accepter cette réalité.

En cas de déni total, les services sociaux ou les structures de soutien familial peuvent également être impliqués, pour apporter un soutien sur les aspects pratiques et matériels de la maternité (préparation à la maternité, aides financières, un suivi post-natal pour faciliter les soins à l'enfant, etc.).

Bon à savoir : en France, l’Association française pour la reconnaissance du déni de grossesse (AFRDG) se mobilise pour une meilleure reconnaissance du déni de grossesse et de ses conséquences.

Prévention et sensibilisation au déni de grossesse

La prévention et la sensibilisation passent par une déstigmatisation du déni de grossesse. Cela implique l’information et la déconstruction des tabous, des fausses croyances et des préjugés qui l'entourent. Il est question de clarifier que le déni de grossesse n'est pas une question de négligence ou d'ignorance, mais plutôt un symptôme de souffrance psychologique profonde.

Les professionnels de santé doivent être formés et sensibilisés au déni de grossesse pour mieux identifier et gérer ces situations. Il est important qu'ils soient conscients que des femmes en âge de procréer venant pour des douleurs abdominales ou d’autres symptômes liés habituellement à la grossesse peuvent être en situation de déni. Une évaluation systématique de cette éventualité lors des consultations est importante.

L’avis des experts de MédecinDirect sur le déni de grossesse : L'éducation des professionnels de santé, la sensibilisation du grand public et le soutien multidisciplinaire sont indispensables pour améliorer les soins et prévenir les complications dans le cas d’un déni de grossesse. Il est impératif de déstigmatiser ce trouble. En outre, des initiatives d'information et de prévention doivent être mises en place pour améliorer le dépistage et la prise en charge des femmes confrontées à un déni de grossesse, afin de garantir un avenir meilleur aussi bien pour la mère que pour l'enfant.

 

 

SOURCES :

 

  • Assurance maladie : le lien
  • Santé sur le net : le lien
  • Echo sciences Grenoble : le lien

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