Addiction à l'alcool : comprendre, traiter et prévenir la dépendance

Alcoolisme addiction a l'alcool

Pas plus de deux verres par jour et pas tous les jours… Telle est la recommandation de Santé Publique France en ce qui concerne la consommation d’alcool. Pourtant, environ 25 % des 18-75 ans ont une consommation nettement supérieure à cette recommandation. Beaucoup d’entre eux atteignent ainsi un niveau d’alcoolisme ou d’alcoolodépendance qui se traduit par une consommation compulsive et incontrôlée d'alcool, malgré les nombreuses conséquences négatives. Il est important d’identifier les causes de la dépendance à l’alcool afin d’adapter la méthode de sevrage.

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Qu'est-ce que l'addiction à l'alcool ?

L'addiction à l'alcool, aussi appelée alcoolodépendance, est caractérisée par une consommation excessive et compulsive d'alcool, malgré les conséquences négatives sur la santé, les relations sociales et le travail.

La consommation d’alcool représente un enjeu majeur de santé publique en France. L’addiction à l’alcool est à l’origine de 49 000 décès par an. En Europe, 7 % des maladies et décès prématurés lui sont imputés.  

L’alcool est un produit psychoactif (éthanol) qui modifie les perceptions et les comportements. Une consommation à long terme entraine une dépendance. Les personnes alcoolodépendantes ont souvent perdu le contrôle de leur consommation d'alcool et ont du mal à arrêter, même si elles ont conscience des conséquences.

Bon à savoir : au niveau mondial, l’alcool est considéré comme le troisième facteur de risque de morbidité, après l’hypertension artérielle et le tabac.

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Causes et facteurs de risque

L’addiction à l’alcool peut être due à de nombreux facteurs :

  • l’âge : plus la consommation d’alcool commence tôt, plus il y a des risques d’être vulnérable face à cette substance psychoactive ;
  • l’hérédité : bien qu’aucun gène n’ait été précisément identifié, l’hérédité pourrait être un facteur important de prédisposition à l’alcoolodépendance ;
  • les problèmes personnels : le manque d’estime et de confiance en soi, l’impulsivité, la timidité peuvent expliquer un trouble alcoolique ;
  • le contexte ou l’environnement : un enfant qui grandit dans un environnement entouré de personnes alcoolodépendantes a des risques de le devenir lui aussi. Par ailleurs, des problèmes d’ordre sexuel, de couple ou encore des problèmes au travail sont susceptibles de mener à une addiction à l’alcool ;
  • les troubles psychiques : les troubles psychotiques, les troubles de l’humeur, les troubles anxieux ou encore les troubles de la personnalité rendent les personnes vulnérables face à l’alcool ;
  • les facteurs sociaux : la consommation d’alcool est synonyme de plaisir et de détente. La multiplication des occasions d’en consommer (week-ends, afterwork, anniversaires, etc.) peut favoriser l’alcoolodépendance.
Le saviez-vous ? L’alcoolodépendance est une maladie qui requiert l’accompagnement d’un médecin spécialisé en addictologie.

Symptômes généraux de l’addiction à l’alcool

Le passage d’un simple problème d’alcool à la dépendance est souvent imperceptible. Les symptômes suivants sont révélateurs de l’existence d’une dépendance :

  • les difficultés à renoncer à l’alcool ;
  • les difficultés à contrôler la consommation ;
  • l’augmentation des quantités consommées (développement d’une tolérance) ;
  • développement des symptômes de sevrage lors de l’arrêt ou de la réduction de la consommation ;
  • manque d’intérêt pour d’autres activités ;
  • le fait de continuer à boire malgré la prise de conscience des conséquences négatives.

Effets de l'addiction à l’alcool sur la santé

L’alcool a des effets sédatifs, tout comme l’héroïne ou les benzodiazépines. Ces effets sont associés à une altération du jugement et à une levée d’inhibitions, d’où l’apparition de certains comportements à risque comme :

  • des agressions ;
  • des violences ;
  • des rapports sexuels à risque ;
  • la conduite en état d’ébriété ;
  • le suicide.

L’alcool est impliqué dans le quart des décès survenant chez les 18-24 ans, et dans un tiers des accidents mortels en voiture. Les effets de l’alcool diffèrent selon la dose ingérée. À faible dose, l’alcool procure un effet euphorisant et sédatif léger. À dose plus importante, l’alcool induit une ivresse qui se traduit par :

  • une perte de coordination des mouvements ;
  • une perte de l’équilibre ;
  • une diminution accrue de la vigilance ;
  • un temps de réaction allongé ;
  • des troubles de la mémoire ;
  • un état de somnolence ;
  • une altération du comportement.

À très forte dose, l’alcool peut provoquer un coma éthylique. Il s’agit là d’une intoxication sévère à l’alcool pouvant entrainer une chute de tension artérielle associée à une baisse de la température corporelle.

L’addiction à l’alcool a aussi des effets à long terme sur la santé, vu que sa toxicité altère l’organisme au fil du temps :

  • le foie : étant l’organe chargé de filtrer et d’éliminer l’alcool de l’organisme, le foie est concerné par de nombreux effets de l’alcool (cirrhose alcoolique, stéatose alcoolique, hépatite alcoolique aiguë alcoolique, gastrites, pancréatites) ;
  • les troubles psychiatriques : dépression, anxiété sévère et chronique, troubles du comportement, confusions, délires, convulsions ;
  • les maladies cardiovasculaires : troubles du rythme cardiaque, hypertension artérielle, cardiopathie ischémique, myocardiopathie alcoolique, accident vasculaire cérébral ;
  • le cerveau : près de la moitié des personnes addictes à l’alcool présentent des troubles cognitifs comme la perte de mémoire, l’altération de la parole, la perte de contrôle des mouvements. D’autres pathologies comme le syndrome de Korsakoff et la polynévrite alcoolique sont caractéristiques d’une intoxication chronique à l’alcool ;
  • le cancer : les maladies tumorales que l’on retrouve le plus chez les personnes alcoolodépendantes sont le cancer du foie, le cancer colorectal, le cancer du sein, le cancer des voies aérodigestives supérieures. L’alcool est un facteur de risque dans la majorité des cancers ;
  • le sexe : impuissance, baisse de la libido ;
  • le sang : anémie, thrombopénie, lymphopénie ;
  • les os : ostéoporose, nécrose de la tête fémorale, etc.

Addiction à l’alcool et grossesse

Pour ce qui est de la femme enceinte, consommer de l’alcool pendant la grossesse présente un grand risque. Pour le futur enfant, les effets peuvent être irréversibles :

  • retard de croissance ;
  • atteintes du système nerveux central ;
  • malformations ;
  • syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) qui est la forme la plus grave d’atteinte liée à l’exposition à l’alcool in utero.

Diagnostic de l’addiction à l’alcool

Le diagnostic de l'alcoolodépendance repose sur :

  • un examen clinique de la personne ;  
  • une évaluation des antécédents médicaux et familiaux ;  
  • des tests de dépistage de l'alcoolodépendance : ils peuvent inclure des questionnaires et des analyses de sang.

Certains outils d’auto-évaluation existent en ligne, afin de permettre aux personnes d’analyser leur consommation et leur risque d’addiction à l’alcool :

  • le questionnaire AUDIT (Alcohol use disorders identification test) développé par l’Organisation mondiale de la santé ;
  • le test CAGE (Cut-down, Annoyed, Guilty, Eye-opener) qui se résume à quatre questions dont les réponses permettent de savoir si la consommation d’alcool est oui ou non problématique ;
  • le questionnaire FACE (Formule pour Approcher la Consommation d’Alcool par Entretien) : il est utilisable par le médecin lors de la consultation ;
  • l’alcoomètre qui permet de situer sa consommation d’alcool par rapport aux autres personnes de même âge et de même sexe. Des informations personnalisées sont données à la fin du test et il est ensuite possible d’accéder à un programme d’aide.

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Traitements de l'addiction à l'alcool

Les approches médicamenteuses

Les médicaments pour traiter l’alcoolodépendance sont prescrits soit :

  • pour réduire la consommation d’alcool : le nalméfène, la baclofène ;
  • pour aider à maintenir l’abstinence : disulfirame, acamprosate, naltrexone

Les thérapies comportementales et soutien psychosocial

Outre l’aspect médicamenteux, diverses aides peuvent être envisagées pour accompagner la personne qui le souhaite à lutter contre son addiction à l’alcool :

  • l’entretien avec un médecin : il permet à la personne de renforcer sa motivation et son engagement ;
  • les psychothérapies d’accompagnement : le psychothérapeute aide le patient à réaliser un travail d’introspection pour comprendre les causes de l’addiction. La psychothérapie est conseillée après le sevrage ;
  • les thérapies cognitives et comportementales : elles aident à déconstruire les habitudes addictives ;
  • les groupes de parole ou de soutien : se diriger vers les associations ou les structures sociales pour échanger avec d’autres personnes dans la même situation peut aider à la réussite du sevrage.

Le sevrage, une étape indispensable en cas d’addiction à l’alcool

La lutte contre l’alcoolodépendance passe par le sevrage. Son but est de contrôler et de prévenir les symptômes liés au manque d’alcool et d’aider la personne concernée à débuter une nouvelle vie sans alcool.

Bon à savoir : arrêter l’alcool se fait de façon réfléchie et non dans l’urgence, car arrêter de boire entraine un changement de la façon de vivre et modifie les relations aux autres.

La décision de sevrage doit venir de la personne alcoolodépendante. Cela débute par une prise de conscience de la dépendance à l’alcool et une reconnaissance du besoin d’aide.  

Le sevrage : à l’hôpital ou à domicile ?

La personne alcoolodépendante peut décider d’être prise en charge à l’hôpital ou à domicile. Dans tous les cas, le sevrage de l’alcool passe par :

  • une bonne hydratation avec de l’eau ;
  • la prescription de vitamines B1 et B6 ;
  • un traitement à base de benzodiazépines.

Dans le cas où d’autres maladies sont associées à l’alcoolodépendance, un bilan médical est réalisé. Une fois les problèmes identifiés, ils sont pris en compte dans le traitement mis en place.  

Bon à savoir : selon l’Assurance maladie, 80 à 95 % des personnes dépendantes à l’alcool le sont aussi au tabac.

Les symptômes du sevrage

En arrêtant de boire, la personne peut ressentir des effets tels que :

  • tremblements ;
  • sueurs ;
  • palpitations ;
  • insomnie ;
  • nausées ;
  • anxiété ;
  • vomissements ;
  • convulsions ;
  • fièvre ;
  • etc.

Le délirium tremens qui se manifeste par des délires et tremblements est la conséquence la plus grave du manque d’alcool. Cette conséquence est potentiellement mortelle, en raison d’un risque de déshydratation.

Toutes ces complications sont potentiellement dangereuses. Il est donc impératif de consulter un médecin si l’un de ces symptômes survient.

L’après sevrage

Après le sevrage, la personne doit trouver un nouvel équilibre, sans alcool. Il s’agit d’une phase très importante du traitement, pour éviter que la personne ne fasse une rechute. L’accompagnement doit donc être prolongé, aussi bien sur le plan médical que psychologique ou social.  

Des médicaments pour décourager la consommation d’alcool sont prescrits. Il est important que la personne soit épaulée par ses proches dans sa démarche.

Addiction à l’alcool : qui peut aider ?

Si certaines personnes réussissent à réduire leur consommation, voire à arrêter de boire sans aide extérieure, d’autres cependant ont besoin d’aide. Cette aide peut venir :

  • du médecin traitant et autres professionnels (psychiatre, psychologue, pharmacien, etc.) ;
  • de structures spécialisées en addictologie comme les CSAPA (Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie), les CAARUD (Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues), les CJC (Consultations jeunes consommateurs) ;
  • d’addictologues exerçant en libéral ;
  • des services hospitaliers (unités d’addictologie) ;
  • de centres résidentiels qui hébergent les personnes ressentant le besoin de se couper temporairement de l’extérieur lorsqu’elles décident d’arrêter de boire ;
  • des associations d’entraide ;
  • des patients experts addictions.

Il est possible d’avoir une aide à distance, grâce notamment à Alcool info service qui propose une ligne téléphonique (0980 980 930), un chat et un forum de discussion. La ligne téléphonique est ouverte 7j/7, de 8 h à 2 h. Tous ces services sont gratuits.

L’avis des experts de MédecinDirect sur l’addiction à l’alcool : l'alcoolodépendance ou addiction à l’alcool est une maladie pouvant avoir de graves conséquences sur la santé. Cependant, elle se guérit, grâce notamment aux traitements efficaces qui ont été mis sur pied. Si vous pensez que vous souffrez d’une addiction à l’alcool, demandez de l'aide. De nombreuses personnes ont réussi à se rétablir de l'alcoolodépendance et à vivre une vie saine et heureuse. Le soutien de la famille et des amis est important pour le rétablissement d'une personne alcoolodépendante.

SOURCES :

  • Santé sur le net : le lien
  • Ministère du travail, de la santé et des solidarités : le lien
  • Assurance maladie : le lien
  • Addict’AIDE : le lien

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