Le sommeil, un atout santé

Autant le rôle négatif pour l'immunité du stress excessif est connu et reconnu depuis longtemps, autant on découvre depuis peu l'importance du sommeil pour préserver nos défenses. Malgré le slogan du développement durable, notre société continue à valoriser la production, la performance et la consommation. Néanmoins, certains pays  recommencent à mettre la sieste en valeur,  par pragmatisme, ayant constaté un meilleur rendement après une sieste bien dosée.

Mais les effets bénéfiques du sommeil vont bien au-delà : la réparation des tissus et la croissance sont sous le contrôle de l'hormone de croissance, sécrétée pendant le sommeil ; les connexions neuronales en réaménagement permanent pendant la nuit consolident les apprentissages de la veille pendant le sommeil paradoxal; et la récupération physique se fait pendant le sommeil lent; enfin, les réactions immunitaires et le sommeil ont de nombreuses interactions, développées dans cet article.

Sommeil : les constats

La maladie en général entraine une augmentation de la quantité de sommeil. Dès les années 70, les relations entre la flore intestinale et ses médiateurs influençant le sommeil sont suspectées. L'infection modifie le sommeil : sa durée totale et la proportion de sommeil lent augmentent ; dans la grippe, on a constaté une tendance à la réduction du sommeil en phase d'incubation, et une augmentation une fois la maladie déclarée. Parmi les globules blancs, premiers maillons des défenses anti-infectieuses, les taux de lymphocytes et de monocytes sont au maximum pendant la nuit alors que les cellules NK (natural killer cells) atteignent un taux maximal le matin (Born, 1997). La production d'anticorps lors de la vaccination contre la grippe ou l'hépatite A est moins forte chez les personnes manquant fortement de sommeil. Le TNF (tumor necrosis factor), aidant aussi à la destruction d'autres lésions, a un pic nocturne, et l'interleukine 1 nommée IL 1 ci-dessous), utile elle aussi dans les défenses infectieuses, augmente juste avant les phases de sommeil lent. Les injections expérimentales de ces substances ont montré qu'elles agissent sur le sommeil pour des doses inférieures à celles qui sont utiles aux réactions physiologiques anti-infectieuses et anti-inflammatoires : hausse de la température centrale, du débit cardiaque, du cortisol (Bryant, 2).

Les expériences faites sur le sommeil

Elles montrent qu'en général les cytokines (médiateurs protéiques) des réactions inflammatoires favorisent le sommeil, alors que celles dont l'action est anti-inflammatoire le réduisent. Chez la souris, il a été identifié 10 gènes impliqués dans la genèse du sommeil, dont 8 le sont aussi dans l'activité immunitaire (dont à nouveau TNF et IL-1). Un tour d'horizon sur les  relations avec le système endocrinien, et la boucle est bouclée : la CRH, qui stimule la production de cortisol, favorise l'éveil et contre l'effet hypnogène de IL-1. A l'inverse la synthèse de la GHRH, entrainant la libération de l'hormone de croissance et induisant le sommeil lent, est favorisée par cette IL-1. A l'image du stress qui, lorsqu'il est bref, aigu, pousse à l'action alors que le stress chronique aboutit à l'épuisement de la capacité à réagir, une privation totale de sommeil sur quelques jours active le système immunitaire, alors qu'une privation partielle mais chronique aurait l'effet inverse (Bryant 2004)

En clinique

Certains syndromes complexes : le syndrome de fatigue chronique, la fibromyalgie, associent des troubles du sommeil et une plus grande sensibilité aux infections, statistiquement parlant bien sûr. Les déprimés ont leurs taux de cytokines et de cellules immunitaires différents des sujets témoins; l'injection de lipopolysaccharides qui favorisent la production de TNF et d'IL-1, améliore leur humeur, comme le fait une privation de sommeil (à ne pas essayer de son propre chef, étant donné les autres effets sur la santé physiques, plutôt négatifs). En thérapeutique, un essai a été fait avec un antagoniste du TNF pour des personnes souffrant d'apnées du sommeil, et une diminution de la somnolence diurne a été obtenue.

Dans l'avenir, vous ne vous excuserez plus de revendiquer un temps de sommeil raisonnable, mais direz : je préserve ma santé et vous conseille d'en faire autant.Référence - synthèse 2006 de la Société Française de recherche sur le sommeil

Auteur : Dr Cazivassilio - Conflits d’intérêts : l’auteur n’a pas transmis de conflits d’intérêts concernant les données diffusées dans cette interview ou publiées dans la référence citée. Cet article est issu d’une expérience de terrain, il existe d’autres produits, et d’autres protocoles de prise en charge.Article paru le 6 mai 2010 et re-publié le 13 juillet 2017.

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